Antarctique
Le retour - Passage de Drake
Arrivée à Ushuaia
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En mer, jeudi 22 février 2001
Le roulis, le roulis, tout tangue dans tous les sens. Mes affaires
réitèrent leur va et vient d'un côté
à l'autre de la cabine. Je me suis levé ce matin,
mais dur, dur ! J'ai dû me recoucher en urgence. Des gouttes
de sueur sont venues perler sur mon visage. Ce sentiment de vouloir
vomir est revenu. Je suis resté sur le ventre au moins 20
minutes, à me retenir. Finalement, la crise passée,
je me suis remis dans ma position favorite : couché sur le
dos. Terry a l'air éteint. On dirait une momie. Son pied
gauche dépasse de la couverture qu'il a tiré jusque
sous sa barbe. La bouche mi-ouverte, il roupille, ronfle un peu,
mais tient l'oeil bien fermé, comme pour ne pas sentir que
le bateau refait des siennes. Finalement il s'est réveillé
et a croisé mon regard. Il a émis quelques sons signifiant
qu'il ne se sentait pas très bien. Alors qu'à l'aller,
il semblait avoir mieux supporté la chose que moi, il a l'air
de passer un mauvais quart d'heure.
Le bateau s'est tellement mis en roulis, que j'ai à nouveau
dû rester couché toute la journée. Quel bruit,
quel vacarme et qu'est-ce que j'ai eu faim !
Vendredi 23 février 2001
La mer semble s'être calmée, ceci après des
heures et des heures d'agitation infernale. Il nous reste encore
un bout de chemin. Notre arrivée n'est prévue que
pour midi voire une heure de l'après-midi. Laurie nous a
informé que le bateau ne pouvait pas rester plus d'une journée
dans le port, car la taxe portuaire d'Ushuaia est beaucoup trop
élevée. C'est incroyable. Tous ces hommes et femmes
d'équipage vont recommencer ce voyage et se taper ces vagues
de 8 mètres, se faire secouer dans tous les sens, quel moral.
Quand je pense au cuisinier, avec lequel j'ai discuté l'autre
soir autour d'un verre, je l'imagine se battant contre le roulis
avec ses casseroles ! ça ne doit pas être facile tous
les jours de garder l'omelette dans la poêle !
L'arrivée à Ushuaia a sonné le glas de ce
rêve éveillé. Malgré mon rhume carabiné,
je suis resté toute la dernière heure sur le pont.
J'ai guetté notre arrivée, le coeur serré,
mais malgré tout content d'enfin pouvoir poser le pied sur
la terre ferme.
Et dire que je suis allé en Antarctique...

Merci à tout l'équipage du Mariya Yermolova, qui
a travaillé dans l'ombre (ils étaient 50 personnes
!!!) et sans qui rien n'aurait été possible..
Merci à toute l'équipe de scientifiques et d'aventuriers
de l'organisation. Ils ont été époustouflants
de professionnalisme, d'humilité, de compétence, merci,
merci, merci !!!
Merci à Marine Expeditions de m'avoir permis de réaliser
un tel rêve. J'espère que quelqu'un prendra le flambeau
car Marine Expeditions a malheureusement dû déposer
son bilan en juin 2001 !
J'espère que cette terre restera toujours aussi belle et
immaculée que j'ai pu la voir, la sentir, la toucher. J'espère
que les hommes sauront la préserver.
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pouvez me contacter à l'adresse suivante
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